Podcast épisode n°1 – Manger de saison
Bonjour à tous et bienvenue sur La Table Responsable, le podcast dédié à une consommation plus durable par Atypique ! Au travers de ces épisodes, nous décrypterons les enjeux écologiques liés à nos choix de consommation, tout en mettant en lumière des solutions et des initiatives inspirantes.
Dans ce premier épisode, nous aborderons la consommation des produits de saison et nous tenterons de comprendre ce que ça veut dire concrètement manger de saison ! Pour ce faire, nous sommes aujourd’hui accompagnés de Julia LORIN BAZILE, acheteuse et approvisionneuse chez Atypique.
Est-ce que tu pourrais te présenter ?
Je suis acheteuse spécialisée sur les fruits et légumes et je travaille aussi sur la gestion des approvisionnements pour Atypique.
On sait tous que manger de la tomate en hiver, ce n’est pas forcément bien et ce n’est pas forcément de saison, mais est-ce que ce n’est pas un peu plus complexe que ça, manger de saison ? Peux-tu nous expliquer l’importance de la saisonnalité des produits alimentaires ?
Dans tous les cas, manger de saison, ça veut dire ne pas forcément avoir le nez sur son calendrier. Il faut garder en tête que les produits de saisons sont d’abord les produits qui sont dictés par la météo. Donc cela veut dire que manger de saison, c’est aussi lever les yeux et regarder un peu ce qu’il se passe au-dessus de nos têtes et ce que dit la météo.
Manger des tomates en hiver, ce n’est effectivement pas une super bonne idée. Mais pour manger de saison, le premier point ça va déjà être de regarder les origines des produits qu’on consomme. Si on consomme français par exemple, on sait qu’il y a différents climats et qu’entre le nord et le sud de la France, on peut avoir différents types de météo. Il ne faut donc vraiment pas faire de généralité. Avoir de la fraise fin mars, ce n’est pas complètement aberrant si on a un très joli printemps. À l’inverse, ne plus avoir de disponibilité sur du potimarron en février, s’il y a eu un été chaud l’été précédent, ce n’est pas aberrant non plus.
Il ne faut donc pas faire de généralités, regarder l’origine des produits et essayer de connaître et de discuter avec son primeur.
En général, avant d’aller acheter mes fruits et légumes, je regarde toujours le calendrier des saisons en pensant bien faire, alors est-ce que je dois continuer à le faire ou non ?
On peut continuer à le faire, bien sûr, ça nous permet de nous donner un indicateur, ce qu’il ne faut pas faire c’est se bloquer dessus. Dans tous les cas, discuter avec son primer, regarder les origines et regarder la météo, ce sont les choses principales. Il ne faut pas oublier que c’est dame nature qui va diriger les produits qu’on récolte. Donc en fonction de la pluie, du soleil… on n’aura pas forcément les mêmes productions d’une année à l’autre.
Il y a un autre point aussi, c’est l’offre et la demande : s’il y a beaucoup de demande sur un produit, il y aura peut-être moins de disponibilité. À l’inverse, quand il fait froid, il y a beaucoup de disponibilité. Par exemple, le melon cette année en avril, il y en avait énormément et pourtant il a fait très beau donc personne ne voulait en acheter. C’est pour ça que nous, on a réussi à sauver cette marchandise-là. Quand il y a des disponibilités, les producteurs ne peuvent pas choisir quand est-ce qu’ils vont sortir la marchandise, il faut que les clients l’achètent à ce moment-là. Or il y a des produits qui vont être achetés réellement en fonction de la météo. C’est le cas des tomates, melons ou fraises.
C’est un petit peu comme lorsqu’on est allé voir le producteur de salades à Caluire début mai. Il nous expliquait qu’il préférait ne pas ramasser sa salade, car ça lui coutait plus cher de la ramasser que de la vendre, en vue de la demande qu’il y avait en face.
Exactement, c’est valable pour plusieurs produits ! Là par exemple, on arrive en juin, le brocoli doit normalement à ce moment-là. Il y a eu énormément de pluie en avril et mai cette année, cela a donc décalé de 15 jours l’arrivée du brocoli en France. Donc si on se fixe sur son calendrier en se disant que début juin, on peut acheter du brocoli, mais qu’on ne regarde pas les origines ni la météo, alors on achète un produit qui est fait peut-être loin et qui n’est pas forcément “de saisons”.
On parle souvent de consommer des produits qui sont cultivés autour de chez nous, mais est-ce que c’est vraiment possible de manger des fruits et des légumes de façon locale ?
C’est possible, mais il faut bien se rendre compte qu’on n’est pas tous logés à la même enseigne. Dans le sud de la France, on va avoir des grands bassins de production et le climat va être favorable a plus de diversité. Dans le nord de la France, on va pouvoir manger des produits très spécifiques. En effet, compte tenu de son climat et de son sol, le nord de la France va plutôt être un gros producteur de carottes et d’endives. C’est sûr que pour l’été, ce n’est pas très réjouissant !
À l’inverse, du côté de Lyon, on a beaucoup de production, beaucoup d’arbres fruitiers et il fait plutôt chaud, donc pour tous les fruits et légumes de printemps/été, c’est une super bonne nouvelle. En revanche, si vous habitez à Lille, honnêtement trouver des abricots, ce n’est pas évident.
Il faut garder en tête aussi qu’en France, on a des gros bassins de production différenciés en fonction du climat. Le climat, c’est la combinaison entre une météo et un sol. Par exemple l’asperge va être produite énormément en Sologne et dans les Landes parce que ce sont des sol qui sont filtrants. Ce sont des produits qui ont des besoins spécifiques pour pousser et pour se développer, donc autant on peut essayer de régionaliser son approvisionnement sur différents fruits et légumes, autant ce n’est pas toujours possible non plus.
Est-ce que tu as des astuces pour profiter de produits de saisons même en dehors de leur période de disponibilité ?
Je pense qu’en regardant la météo et en faisant attention, c’est possible. Par exemple, l’année dernière en septembre, le poivron a eu une très belle arrière-saison et on n’aurait pas pensé en avoir encore en France à cette période. Cependant, en discutant avec les fournisseurs, j’ai réussi à en trouver fin septembre / début octobre, alors que c’est plutôt contre-intuitif d’avoir encore du poivron à cette saison. Normalement le poivron, c’est plutôt un produit d’été.
De manière générale, si on sort 3 semaines de suite avec son imperméable, à priori, il va y avoir une conséquence aussi sur la production. Par exemple, la semaine dernière, on a eu des grosses intempéries dans le nord de la France. Normalement, c’est la saison du chou-fleur, mais en ce moment les producteurs ne peuvent pas aller dans les champs, car ils sont inondés.
Est-ce qu’il y a des produits plus sensibles que d’autres aux intempéries (grêle, sécheresse…) ?
Il y a des produits qui sont sensibles en général et il y a des produits qui vont plus facilement tourner avec la météo. Par exemple, en ce moment, il y a beaucoup d’orages, ça joue énormément sur la conservation des cerises. De plus, il faut savoir qu’un produit qui va être ramassé quand il fait humide n’aura pas la même tenue qu’un produit qui est ramassé quand il fait beau. Pour conserver au mieux ces fruits et légumes, il faut vraiment faire attention et les regarder au fur et à mesure afin d’éviter le gaspillage.
Concernant les produits sensibles, on a toujours plus de mal à garder de la fraise que de la courge. Ça s’explique par la nature des produits. En effet, manger de saison ça ne veut pas dire manger forcément quand c’est ramassé. Par exemple, la fraise, si elle est ramassée un lundi, il faut qu’elle soit consommée maximum dans la semaine parce que c’est un produit qui est de nature très sensible.
À l’inverse, la courge, c’est un produit qui peut être ramassé à partir d’août, mais qu’on va pouvoir consommer jusqu’à février de l’année d’après. En effet, ce sont des produits qui, selon les conditions de conservation, sont assez robustes pour être gardé longtemps.
Est-ce que tu aurais un mot pour conclure ?
Ce qu’on peut en conclure, c’est que la France est un pays où normalement, il y a quatre saisons, mais à l’heure du changement climatique, il va falloir s’adapter et bousculer un petit peu nos habitudes. Il ne faut pas rester l’œil fixé sur son calendrier et discuter avec les producteurs, ça permettra de s’adapter au mieux à ce qui est disponible sur le marché.
Merci à tous d’avoir écouté cet épisode, nous espérons que la notion de saisonnalité est désormais plus claire pour vous.
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À bientôt pour un prochain épisode de la table responsable !